Le goût du vin (2020)

Uncorked

Qu’il s’agisse d’un personnage d’importance comme dans « Le Book Club » ou d’une passion dévorante comme dans « Sideways », le vin est rarement présenté dans le cinéma américain, et moins encore dans l’univers afro-américain. Dans ce long métrage, le réalisateur Prentice Penny entreprend de changer cette optique, en construisant une histoire de père et fils.

« Uncorked » démarre donc sur une délicieuse note de choc des cultures. Alors que le hip-hop résonne dès le générique d’ouverture, le film fait des allers-retours entre le propriétaire d’un barbecue du sud préparant les plats du jour – griller les côtes de porc, préparer des sauces – et des vignerons californiens travaillant à convertir des raisins verts succulents en vin.

Toutes ces dynamiques sont en jeu dans « Le goût du vin », un drame sérieux, décousu et finalement touchant sur un jeune homme de Memphis qui a un rêve – c’est un passionné de vin qui veut devenir sommelier – mais qui doit s’arracher à tout ce que son père aspirait pour le réaliser.

Ce schéma à lui seul distingue « Le gout du vin » des films classiques sur le vin, certes déjà en nombre insuffisant. Le cinéaste ne réussi toutefois pas à éviter les clichés, une tendance récurrent pour les productions Netflix. Mais le réalisateur parvient à mettre le modèle du conte opposant la tradition familiale et l’individualisme dans un nouveau contexte. Le résultat ? On est plus proche d’un bon vin de table pour tous les jours que d’un grand cru.

Le point fort du film est son acteur principal Mamoudou Athie, dans le rôle de l’amateur de vin Elijah qui travaille avec dévouement dans une cave à vin à Memphis. La séquence d’ouverture du film est vigoureuse et alléchante, et présente astucieusement le monde dans lequel il vit à travers – d’une part, il y a le barbecue tenu par son père, Louis, et de l’autre, les études et rêves de devenir un jour maître sommelier. Cette ouverture est suivie d’une scène tout aussi attachante, dans laquelle Elijah repère une nouvelle cliente, Tanya, et guide la buveuse inexpérimentée mais curieuse vers quelque chose qui correspondrait à ses goûts pour le hip-hop. « Un Pinot Grigio, c’est comme Kanye West », suggère-t-il. Puis il compare un Chardonnay, un vin de chablis, « le grand-père des vins », à Jay-Z et un Riesling à Drake. Tanya accompagne Drake, sur laquelle une douce romance avec une chimie palpable s’épanouit entre elle et Elijah. Ce rapprochement du vin et de la musique est intéressant à de nombreux points de vue.

Pendant ce temps, l’avenir d’Elie, du moins aux yeux de son père, semble être décidé : il reprendra un jour le restaurant familial, tout comme son père l’avait fait à l’époque, lorsqu’il était dirigé par le patriarche de la famille. Mais les choses prennent une autre tournure lorsque le jeune homme décide de s’inscrire à un cours pour affronter l’impossible examen de sommelier.

Deux personnages secondaires – « Harvard » initialement arrogant mais finalement bien intentionné de Matt McGorry (parce que, eh bien, il est allé à Harvard, comme il se vante souvent) et le maladroit Richie, fournissent au film de nombreuses notes comiques. Penny essaie de faire de son mieux pour garder la pertinence de Tanya et Sylvia pertinentes au cœur de l’histoire… Mais l’intrigue reste laborieuse et précipitée, et sans rééele émotion.

Pourtant, sur l’histoire d’Elie et de Louis, le film est plutôt réussi, surtout lorsqu’il se concentre sur la fierté qui anime les deux hommes. Pour Elijah, cette fierté semble être partagée à parts égales entre son obsession de carrière et le respect parental, évident à la fois lorsqu’il se promène dans les rues de Paris – une excursion obligatoire qu’il entreprend, grâce au soutien généreux de sa famille attentionnée – et lorsqu’il travaille au restaurant barbecue de son père. Et pour Louis, cette fierté réside dans l’héritage familial et l’amour. Peu à peu, il devient clair que le film s’intéresse plus à ce qui les uni plutôt qu’à ce qui les distingue, ouvrant la voie à une conclusion d’acceptation mutuelle authentique, sans abandonner les défis.

Il y a certainement pire que de s’installer devant ce film bon enfant et ses morceaux musicaux entraînants. Prévoyez une bonne bouteille de vin pour vous mettre dans l’ambiance, mais ne placez pas vos attentes trop haut.